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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/221

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ou autres moyens, on pourrait détruire, endormir, asphyxier l’armée ennemie. »


§2. — LA RÉSISTANCE DE NANTES. — LE FERBLANTIER MEURIS (juin 1793).


Nantes étant ainsi abandonnée, que pouvait-elle pour elle-même ?

Les gens du métier prononçaient qu’on ne pouvait la défendre. Et leur avis malheureusement ne semblait que trop fondé en raison.

Les motifs qu’ils faisaient valoir, c’était l’immensité du circuit d’une telle ville, l’absence de barrières naturelles au nord. Point de murs, point de fossés, seulement un vieux château qui couvre tout au plus la route de Paris.

Les motifs non avoués pour abandonner la défense, c’est qu’on croyait que le royalisme avait de fortes intelligences dans Nantes, qu’elle avait dans son sein une invisible Vendée.

Tout ce qui habitait les bas quartiers, le long de la Loire, les trois mille hommes du port, les quatre mille ouvriers de la corderie, des cotons, etc., beaucoup de petit commerce, tout cela était patriote. Les armateurs de corsaires l’étaient ou le paraissaient. Mais MM. les spéculateurs, MM. les négriers enrichis, qui regrettaient amèrement les bons temps de Saint-Domingue, ne pouvaient être bienveillants pour la République. La noblesse avait