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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/229

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(dont plusieurs marquaient comme duellistes) ne voulaient pas se confondre dans les corps déjà formés. Ils s’intitulèrent eux-mêmes légion nantaise, nom jusque-là commun à toute la garde nationale. L’administration les accueillit avec tant de faveur qu’elle leur donna une solde, dont ils n’avaient guère besoin. Justes sujets de jalousie pour les bataillons Meuris, qui déjà avaient fait leurs preuves dans un service dangereux et méritaient tout autant de s’appeler légion nantaise.

La nouvelle grave et terrible de la bataille de Saumur, de l’évacuation d’Angers, la marche des Vendéens vers l’Ouest, firent taire ces rivalités. Les Montagnards furent admirables. Goullain, au nom du club de Saint-Vincent, proposa au club girondin et aux corps administratifs de se réunir tous à Saint-Pierre, dans la cathédrale, pour aviser au salut public et fraterniser. On convint que, tous ensemble, Montagnards et Girondins, s’inviteraient dans l’église, et, se prenant par le bras, iraient ensuite les uns chez les autres prendre le dîner de famille, et de là, toujours ensemble, travailleraient aux fortifications. Cette proposition excita une joie universelle. Toute la nuit, les membres des deux clubs allèrent de poste en poste annoncer cette grande communion révolutionnaire. Elle eut lieu le lendemain ; tous y puisèrent une incroyable force et jurèrent de sauver la France (15 juin 1793).