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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/322

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obtient qu’on le fasse général en chef ! « Vous avez tort, dit Rossignol lui-même ; je ne suis pas f.… pour commander une armée. » Il eut beau dire, il commanda. Ronsin, derrière Rossignol, lui fit signer des crimes, d’affreuses trahisons. Toujours battu, toujours justifié, Rossignol ne parvint jamais à lasser l’engouement du Comité de salut public. Il en fut quitte pour passer à un autre poste et dire en finissant : « Je ne suis pas f… pour commander une armée. »

Robespierre pouvait-il ignorer ce hideux gâchis de la Guerre, qui non seulement ruinait la France, mais la tenait sur le bord de l’abîme ? Il est impossible de le croire. Mais une chose le paralysait.

Il voyait aussi un abîme, mais un autre qui l’effrayait plus que les désordres de l’administration et les succès de l’étranger, l’abîme de la dissolution sociale. Cette Terra incognito, au delà de Marat (dont parle Desmoulins), cette région inconnue, hantée des spectres et mère des monstres, il l’avait vue dès juin dans l’étrange alliance de Jacques Roux (des Gravilliers), du Lyonnais Leclerc, ami de Chalier, et de sa maîtresse Rose Lacombe, chef des femmes révolutionnaires. Connaissait-il Babeuf, déjà persécuté par André Dumont, dans la Somme, et par la Commune à Paris ? Je n’en fais aucun doute. La révolution romantique et socialiste (comme nous dirions aujourd’hui) inquiétait Robespierre. Dans sa visite aux Cordeliers, pour combattre les monstres, les Leclerc, les Jacques Roux, il lui fallut, comme