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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/323

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on a vu, se faire accompagner de cet ignoble chien, Hébert.

Marat, tant qu’il avait vécu, leur tenait la porte fermée. Marat mort, ils s’étaient habilement saisis de son nom, Roux, Leclerc et Varlet rédigeaient ensemble l’Ombre de Marat. Là était la terreur de Robespierre, là son lien avec Hébert, qui, comme concurrent, ne demandait pas mieux que de les détruire. Avant la fête du 10 août, lorsque les fédérés arrivaient à Paris, Robespierre frémissait de les voir en péril de tomber sous cette influence anarchique. Il lança la veuve Marat, qui vint à la Convention accuser Roux, Leclerc, d’avoir volé le nom de son mari. Renvoyé au Comité de sûreté, qui arrête le journal et les rédacteurs. Mesure violente, presque inouïe. Les Gravilliers crièrent pour Roux, leur orateur ; Hébert les reçut à la Commune, les traita sèchement, du haut du Père Duchesne, les renvoya humiliés.

Voilà à quoi servait le Père Duchesne, et le secret de la grande patience de Robespierre.

Robespierre n’avait nul journal. Il n’avait de prise que les Jacobins. Et là même, par Collot d’Herbois et autres, les hébertistes étaient très forts. Il lui fallut donc patienter, attendre qu’ils se perdissent eux-mêmes, laisser passer cette fange. Sa conduite aux Jacobins fut merveilleuse de dextérité. Jamais il ne nommait Hébert, jamais Ronsin. Mais il défendait leur ministre Bouchotte, et c’est ce qu’ils voulaient le plus. Il défendait aussi leur Ros-