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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/37

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Admirable douceur ! Pour être condamné à mort, c’est cet homme que j’aurais choisi.


Le sujet le plus tragique que l’histoire nous offre, c’est certainement Robespierre. Mais c’est aussi le plus comique. Shakespeare n’a rien de pareil. Ce sujet est tellement fort, tentant, que, même en plein péril, des hommes déjà sous le couteau voulurent en faire la comédie. Les Girondins, dans les ténébreuses cavernes de Saint-Émilion, poursuivis, chassés, morts d’avance, d’avance ensevelis, firent un drame de Robespierre. Et, ce qui étonne encore plus, c’est que Fabre d’Églantine, sous l’œil de Robespierre même et sous ses vertes lunettes qui lui regardaient dans l’âme, s’empara de ce fantôme, lui dit : « Tu seras comédie ! »

Il est sûr que tout élément du vrai Tartufe politique y était. Ses moralités banales, ses appels à la vertu, ses attendrissements calculés, de fréquents retours pleureurs sur lui-même, enfin les formes bâtardes d’un faux Rousseau, prêtaient fort, surtout lorsque, dans cette rhétorique, discordait de façon criante tel brusque élan de fureur.

Fabre, avec grande finesse, le prenait au moment critique où les fluctuations de l’immuable éclataient, où celui qui servait de règle laissait voir ses vicissitudes, ne soutenant sa fixité que de sa roide attitude et de son affirmation. Allié des furieux, d’Hébert en juin 1793, clément à Lyon en octobre, puis (effrayé de ce pas) se renfonçant dans la Terreur,