leurs mains, si une circonstance imprévue ne les avait poussés et n’avait fait voter (chose étonnante) par les indulgents même les lois de la Terreur.
Ce miracle fut opéré par les royalistes mêmes, contre lesquels il se faisait. Ce furent eux qui, par un acte monstrueux de trahison, mirent l’étincelle aux poudres, jetèrent la France républicaine dans un tel accès de fureur que les indulgents durent lancer le char de la Terreur, pour n’en être pas écrasés eux-mêmes.
Le 27 août, pendant que les Anglais essayaient d’emporter Dunkerque, à trois cents lieues de là on leur livrait Toulon.
Toulon, notre premier port, des arsenaux immenses, d’énormes magasins de bois précieux, irréparables (dans la situation), un monstrueux matériel entassé pendant tout le règne de Louis XVI, nos flottes réunies pour la guerre d’Italie, nombre de vaisseaux de commerce qu’on avait empêchés de rentrer à Marseille, des fortifications enfin, redoutes, batteries, qu’on avait pu fort aisément prendre par trahison ; mais, par force, comment les reprendre ? Les Anglais tiennent bien ce qu’ils tiennent. Exemple : Gibraltar et Calais. Ils nous ont gardé Calais deux cents ans sans qu’on pût le leur arracher. Avec Toulon, Dunkerque, ils avaient deux Calais ; la France était deux fois bridée et muselée. À peine le démembrement était-il dès lors nécessaire. Il valait mieux pour eux nous faire un petit roi, qui serait un préfet anglais.