Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/174

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défiler avec des discours devant la Convention pour la féliciter de sa vigueur contre Hébert ; c’était Sèvres, c’était Nanterre, c’était Bagnolet. Et des discours et des réponses. Attendrissements mutuels. Le tout idyllique, pastoral, sentimental. Ces hommes des champs, tout naïfs, parlaient en patois : « J’avions, j’étions », etc. Qui n’eût été attendri ?

Le touchant, le poétique, ce fut de voir arriver, comme un troupeau de bergers, la société des Jacobins, portant trois superbes épis, déjà murs en mars ! don de la société de Nîmes. « Vous le voyez, l’hiver a fui, un printemps perpétuel commence, voici les dons de la nature », etc.

L’orage, pendant cette bonace, s’était réfugié tout entier dans le sombre petit salon du Comité de salut public. Personne n’y défendait Danton ; on se contentait de dire, contre l’avis de Billaud, que la mesure était horriblement hasardeuse ; la peur de Barère s’adressait à la peur de Robespierre, qui généralement laissait dire.

L’exécution d’Hébert (le 24) avança les choses. Elle donna à la situation un tout autre aspect

On avait senti ce qu’il y avait de hasardeux à frapper le Père Duchesne, à supprimer son journal qu’il était habitué à avaler le matin, comme une mauvaise eau-de-vie. Il fallait un équivalent. On en donna un, admirable, un grand amusement du soir, qui pût étourdir la foule et la consoler des journaux. Ce fut le spectacle gratis. Le 11 mars, avant-veille de l’arrestation d’Hébert, le Comité de salut public arrêta