Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme tellement au-dessus des autres n’eût pas été souffert deux jours dans les cités antiques. Athènes l’eût couronné et l’eût chassé de ses murs.

Remarquons en passant que le modèle original du style officiel, employé plus tard avec tant d’éclat par d’habiles imitateurs, n’est autre que celui de Saint-Just.

Ce jeune homme si violent se montra en même temps d’une habileté consommée. Il atteignit précisément l’idéal de la terreur, en obtenant tous les effets sans avoir besoin de verser le sang.

Cela tint au profond et subit saisissement dont il frappa tout d’abord les imaginations.

L’homme dominant de Strasbourg était l’ex-capucin Schneider, versé dans les lettres antiques, puissant dans sa langue allemande et chaleureux prédicateur, directeur adoré des femmes. Aujourd’hui même, en cette ville où l’on a créé contre lui une légende d’exécration, des femmes (bien âgées) qu’il aima n’en sont pas consolées encore. Schneider, furieux démocrate, l’était à la façon des anciens anabaptistes, du roi-tailleur de Leyde, qui, pour le nombre des femmes, prétendit lutter avec Salomon. Ce moine était insatiable ; non content de celles qui, d’elles-mêmes, couraient après lui, on assure que, sur son passage, il mettait les femmes en réquisition.

Il voulait pourtant se fixer et venait d’en épouser une par force et terreur. Il rentrait avec sa conquête