le soir à grand bruit dans Strasbourg ; voiture à quatre chevaux. Il était tard pour une place de guerre ; les portes étaient fermées ; il les fait ouvrir. Saint-Just saisit ce prétexte, celui d’aristocratie pour son train et sa voiture, le fait prendre la nuit même dans le lit de la mariée ; et le matin, Strasbourg, surpris à n’en pas croire les yeux, voit son tyran attaché au poteau de la guillotine. Il resta là trois heures dans cette piteuse figure et n’en quitta que pour être envoyé à Paris, à la mort. Pendant l’exposition, on vit Saint-Just paraître au balcon de la place et regarder le patient avec une superbe impassibilité. Cette population catholique, dans l’humiliation de ce renégat, reconnut la main de Dieu et couvrit de bénédictions l’envoyé de Dieu et de Robespierre.
Saint-Just, avec Schneider, expédiait impartialement à Paris les adversaires de Schneider, les administrateurs de la ville, suspects de vouloir la livrer. Du reste, pas une goutte de sang. Des réquisitions seulement pour l’armée du Rhin, sous peine d’exposition à la guillotine. Un habile équilibre entre les deux fanatismes qui se partageaient la ville. Pour plaire à l’un, il afficha que les figures du portail de la cathédrale seraient détruites, et, pour ménager l’autre, il les fit couvrir de planches.
Le rôle militaire de Saint-Just et de son compagnon Lebas a été entièrement défiguré. La manie française de rapporter tout au pouvoir central, soit par instinct idolâtrique, soit pour simplifier l’his-