Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/258

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rassés de leur royauté, ne manquaient pas d’aviser dans un coin l’homme modeste et discret qui pouvait tenir la plume. Il se faisait prier, presser, sommer au nom de la Patrie ; c’était ainsi, malgré lui, qu’il s’emparait des affaires. Les autres croyaient rester maîtres. Il ne les contrariait pas. Seulement, à toute chose qui n’était pas dans ses vues, il les arrêtait par des textes : « Oui, si le décret de brumaire, oui, si la loi de ventôse, n’y étaient contraires », etc. À cela ils ne savaient que dire et suivaient comme des moutons.

La bourgeoisie, fort mêlée aux clubs en 1789, effrayée en 1791 et un moment éloignée, y revint timidement par peur en 1793, y régna peu à peu ensuite, les exploita à son profit.

Était-ce la même bourgeoisie ? Comme classe, non. Comme individus, c’était en partie la même, les procureurs d’autrefois, huissiers et autres gens semblables, auxquels se mêlèrent ceux clés marchands, artisans, qui pouvaient écrivailler, citer bien ou mal les décrets.

Les mêmes hommes furent les meneurs des sociétés populaires et des comités révolutionnaires ou de surveillance.

Sociétés et comités, au fond, c’était la même chose. Les Jacobins ayant déclaré qu’ils ne reconnaîtraient comme sociétés populaires que celles dont ces comités, essentiellement jacobins, seraient le noyau (23 septembre 1793), les autres sociétés fermèrent peu à peu.