Dans chaque localité, ce que les meneurs avaient préparé, proclamé comme société, les mêmes hommes l’exécutaient ensuite comme comité. Tout s’étant trouvé ainsi réduit dans chaque endroit à douze ou quinze personnes, qui menait ces douze était maître.
L’homme d’affaires qui tenait la plume, ou le spéculateur caché qui se liguait avec lui, pouvait opérer à l’aise, convert, défendu, enhardi par la Terreur elle-même, je veux dire par ce comité de surveillance qui ne surveillait plus.
Le danger, on se le rappelle, avait fait cette tyrannie. Le gouvernement central l’avait augmentée en supprimant, énervant les pouvoirs intermédiaires qui gênaient ces comités, sans oser en prendre lui-même l’inspection. Il craignait de se dépopulariser, s’il partageait avec eux, en les surveillant, la responsabilité de l’action révolutionnaire. Il résulta malheureusement de cette timidité des deux comités gouvernants que ces petits comités révolutionnaires, quelque patriotes qu’ils fussent, devinrent, souvent sans le savoir, l’instrument des spéculateurs.
L’araignée, en sûreté derrière une telle protection, travaillait à l’aise. Non seulement elle participait à l’inviolabilité de la société et du comité, à leur puissance de terreur, mais elle employait cette terreur au profit de ses affaires, terrifiait ses concurrents ; il ne se trouvait aux enchères nul autre acquéreur patriote.
Et si on l’accusait plus haut, on ne pouvait frapper cet homme qu’à travers le comité, à travers le