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Saint-Germain, imitant les spéculateurs qui créaient des maisons de santé pour recevoir les prisonniers qu’on favorisait, avait créé, rue de Sèvres, une prison confortable ou l’on payait des prix énormes, de sorte que ceux dont il avait prononcé l’arrestation, il les recevait et les exploitait comme pensionnaires.

Ceux-ci, du reste, n’avaient garde de se plaindre. C’était un brevet de vie. Le comité choyait, gardait, cachait son petit troupeau. On n’y toucha pas avant le 7 thermidor. Ce ne fut qu’alors enfin que la Terreur, qui ne respectait rien, troubla la spéculation du comité de la Croix-Rouge et guillotina quelques-uns de ses précieux pensionnaires.

Comment était composé ce comité ?

Il y avait quatre artistes, un musicien et trois peintres, pauvres diables qui, vivant mal de leur art, avaient pris cette position. Il y avait quatre domestiques d’anciennes maisons qui pouvaient bien renseigner. Un homme d’exécution, ex-gendarme, et deux hommes forts, deux commissionnaires du coin de la rue. Trois marchands, et enfin un ancien notaire, qui probablement menait toute l’affaire et dressait le comité à la spéculation.

Tout cela se passait à Paris. En province, la surveillance était moindre encore. Les registres du Comité de sûreté générale, mutilés aux derniers mois, mais entiers jusqu’en mai 1794, ne donnent presque aucun acte relatif aux départements.

Si quelque chose transpirait des départements à