Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/260

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bouclier trois fois saint, trois fois sacré, de la société populaire.

Quelques faits feront connaître l’intérieur des comités.

On a vu comment se fit l’arrestation de Prudhomme. Ce journaliste avisé, qui toujours avait tourné selon le soleil et le vent, se croyait en sûreté parce qu’il avait défendu contre la Gironde Marat et Hébert (avril-mai 1793). Les hébertistes, en juin, n’en crurent pas moins le moment favorable pour tuer son journal, les Révolutions de Paris, et délivrer le Père Duchesne de ce concurrent.

Un hébertiste qui menait la section des Quatre-Nations, dans laquelle demeurait Prudhomme, fît à lui seul toute l’affaire. 1° Il dénonça Prudhomme à l’assemblée générale de la section (ces assemblées, à cette époque, étaient à peu près désertes) ; 2° président de cette assemblée, il prononça lui-même la prise en considération de la dénonciation et fit décider que l’accusé irait au comité révolutionnaire ; 3° il présida le comité et lui fît décider l’arrestation ; 4° il la fît lui-même à la tête de la force armée. Prudhomme, relâché bientôt, mais alarmé, découragé, cessa bientôt de paraître. C’est ce qu’on voulait. Il reparaît le 3 octobre, mais dompté, au profit d’Hébert et des hébertistes, dont il porte les couleurs.

Autre affaire, plus étonnante. À Paris, sous les yeux mêmes du Comité de sûreté, un comité révolutionnaire, celui de la Croix-Rouge ou du faubourg