Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/27

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l’humanité qui eût pu intervenir. Elle était tentante pour le politique qui eût eu l’adresse et l’audace de répondre aux besoins des cœurs.

Il y avait un nombre considérable d’hommes dans la Convention qui désiraient qu’à tout prix on interprétât ces décrets de mort, portés à une autre époque, en représailles des massacres royalistes, et dans l’extrême danger. Malheureusement l’initiative de ces adoucissements, ayant était prise à Lyon en octobre par l’homme de Robespierre, tout retour à l’humanité prenait la fâcheuse apparence d’un complot robespierriste.

Dès le 29 novembre, Collot d’Herbois écrivait à la Commune de Paris : « Il y a un grand complot pour demander l’amnistie. »

L’amnistie apparaissait comme le sacre du dictateur.

Cette situation, ce danger de la République, contribuèrent sans nul doute à la précipitation féroce avec laquelle Carrier, Collot et Fréron, à Nantes, à Lyon, à Toulon, exécutèrent et dépassèrent les décrets de l’Assemblée. Ils abrégèrent en faisant canonner, noyer. Collot, le 4 décembre, fit tirer à boulets sur soixante hommes pris les armes à la main. En quelques jours, ses commissions firent fusiller, guillotiner deux cent dix personnes. Il écrivait à Robespierre, avec une ironie cruelle : « Nous tâchons de vérifier la sublime inscription (Lyon n’est plus) que tu as proposée. » Toulon résistait encore, et Collot accélérait d’autant