Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/28

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plus les exécutions, croyant effrayer à la fois Toulon et Paris, tirer sur l’Anglais, tirer sur le dictateur.

Un flot invincible montait cependant, comme une puissante marée, une émotion générale de pitié et de clémence. Le 13 décembre, une foule de femmes vinrent pleurer à la barre de la Convention, prier pour leurs maris, leurs fils. Le 15, la grande voix du temps, le mobile artiste qui avait devancé, annoncé les grands mouvements de la Révolution, Desmoulins lança le n°3 du Vieux Cordelier. Simple traduction de Tacite, pour répondre aux détracteurs de la République, à ceux qui pourraient trouver 1793 un peu dur, il leur conte la Terreur de Tibère et de Domitien : elle ressemble si fort à la nôtre que cette apologie paraît (ce qu’elle est) une satire.

Les exagérés, par leur furie maladroite, aidaient aussi au mouvement qui les menaçait. Ronsin, l’exécuteur barbare des mitraillades de Lyon, pour répondre aux accusations, opposant l’audace à l’audace, arrive à Paris, placarde une affiche horrible. Le même jour, on en profita à la Convention. L’attaque fut entamée très habilement contre les agents hébertistes de la Guerre, qui avaient saisi des dépêches adressées à la Convention, bien plus, arrêté sur une route un représentant, sans égard à son caractère. Bourdon alla jusqu’à dire qu’il fallait supprimer les ministres, le conseil exécutif.

Ce qui étonna le plus, c’est que pendant que le Comité de sûreté cherchait à atténuer, le Comité de