Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/298

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clusion accordant précisément ce que les prêtres demandaient, la liberté des cultes, la liberté des catholiques. Un mois après (8 juin), plus qu’un discours, l’acte décisif : Robespierre posé devant le peuple comme une sorte de pontife civil, unissant les deux pouvoirs.

Dans le célèbre discours du 7 mai, tout en disant force injures aux prêtres et aux fanatiques, Robespierre ne leur assurait pas moins la seule chose dont ils eussent besoin pour se relever. Que la loi ne s’expliquât pas, qu’elle ne posât pas la véritable garantie révolutionnaire (inconciliabiliié du gouvernement de la liberté avec la religion de l’autorité), c’était tout ce qu’il leur fallait.

Une éducation nouvelle ne s’organise pas en un jour. Jusque-là l’éducation morale du grand peuple ignorant, barbare (femmes, enfants, paysans), restait en dessous au clergé, grâce à la loi de Robespierre. La République laissait à ses mortels ennemis de quoi la détruire dans un temps donné.

L’Être suprême ainsi que l’immortalité de l’âme proclamés, la religion placée dans la pratique du devoir, la création des fêtes morales, qui pouvaient relever les âmes, c’étaient de hautes et nobles idées. Seulement elles étaient souillées d’un triste mélange d’injures que ce rancuneux moraliste lançait à ses ennemis, s’acharnant sur la mémoire des victimes à peine immolées, trépignant sur la cendre tiède de Danton, tâchant de faire rire l’Assemblée aux dépens de Condorcet.