Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/305

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de Paris, les Jacobins et la Commune. Chose inattendue : même aux Jacobins, chez lui, il trouva obstacle. La faute en fut au zèle extrême du petit Jullien, qui, revenu de Bordeaux, s’était chargé de l’adresse. Dans sa dévotion étroite, aveugle pour Robespierre, il le compromit, ayant placé dans l’adresse ce mot (incroyable alors) : « Qu’on devait bannir de la République quiconque ne croirait pas à l’Etre suprême. » C’était un mot de Rousseau, qui certainement ne l’écrivit que par occasion polémique, contre la coterie d’Holbach. Par une autre maladresse, Jullien faisait dire à la société qu’elle adoptait pour son credo le discours de Robespierre. C’était provoquer, défier la résistance, et elle eut lieu en effet. Royer dit courageusement qu’une telle adresse ne pouvait être adoptée, qu’elle aurait l’air de tomber d’en haut, imposée par l’autorité du Comité de salut public. Robespierre et Couthon, alarmés, vinrent et revinrent au secours. Robespierre fit effacer l’absurde intolérance de Jullien, disant qu’on pouvait laisser cette vérité dans les écrits de Rousseau. La société, à ce prix, adopta et porta l’adresse à la Convention.

C’était la première fois, depuis le jour où les Jacobins refusèrent la radiation de Bourdon (de l’Oise), qu’ils hésitaient de suivre Robespierre. Une minorité était contre lui, laquelle pouvait par moments devenir majorité, comme il arriva bientôt quand la société prit pour président Fouché !