Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/313

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qui y avait un logement. Le président Dumas avait le matin averti Vilatte qu’il y amènerait le tribunal. Robespierre craignait vraisemblablement que, dans ces vains bruits d’amnistie, le tribunal ne se tournât vers le Comité de sûreté générale et son homme Fouquier-Tinville.

Il en résulta une chose fâcheuse pour Robespierre : c’est que le tribunal ne vint que très tard, et que, l’attendant en vain, il dépassa l’heure indiquée et fit lui-même attendre la Convention.

Elle prit fort mal ce retard, l’interprétant comme une insolence royale, une insulte volontaire. Son apparition fut reçue par un silence de mort, que rendirent plus hostile encore les acclamations aveugles du peuple. N’importe, Robespierre, dans le costume que la Convention portait à la fête, celui des représentants en mission (panache et ceinture tricolores, habit bleu à revers rouges), s’en distinguait quelque peu par une nuance de bleu un peu plus pâle ou céleste. Tous un gros bouquet à la main, mais le sien était énorme, d’épis, de fleurs et de fruits. Plusieurs, comme Bourdon (de l’Oise), tournèrent visiblement le dos et n’écoutèrent que de travers. De son discours, absolument perdu dans un tel espace, rien n’arriva à la foule, sinon : « Périssent les tyrans !… Demain nous combattrons encore », etc. Rien enfin de ce qu’on attendait, ni grâce, ni dictature.

Il descendit des gradins de la Convention, s’arrêta au premier bassin où s’élevait un groupe de monstres,