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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/316

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l’Assemblée, de la foule, sa haine pour le tyran. Il dit ces propres paroles : « Je le méprise, et je le hais. »

Cet homme hardi était Lecointre, un peu fou, ridicule, nous l’avons dit. Mais ici personne ne rit. Être outragé ainsi en face, et outragé par Lecointre, c’était chose sinistre pour Robespierre.

Cette hardiesse avait déchaîné toutes les langues, Elles se lâchaient à mesure que l’on rentrait dans Paris. Le peuple, non sans étonnement, voyait la Convention, comme une malédiction vivante, suivre Robespierre en grondant. 11 marchait vite et les autres marchant vite aussi pour le suivre, tout ce retour avait l’air non d’une pompe, mais d’une fuite. Le triomphateur semblait poursuivi. Plus pâle encore qu’à l’ordinaire et plus clignotant, il laissait, malgré lui, jouer d’une manière effrayante les muscles de sa bouche. Non moins agités, bilieux, jaunes ou blancs, comme des morts, ceux qui le suivaient montraient une colère tremblante, sous les mots désespérés que la haine leur tirait du cœur. Ce cortège fantastique dans une immense poussière, quand il rentra au noir palais, apparut celui des Furies.