Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/378

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employât alors, une franche et courageuse répulsion.

On s’était trop avancé pour reculer. Peu de jours avant, Couthon avait pris la défense des violences de Lebon contre les autorités révolutionnaires d’Arras, montrant par cette défense que Lebon ne dépassait pas la pensée robespierriste. De même, l’agent de Robespierre à Bordeaux, le jeune Jullien, que beaucoup croyaient modéré, se justifia parfaitement en faisant savoir la capture qu’il venait de faire des derniers Girondins. Deux se tuèrent. Les autres furent cherchés dans les cavernes de Saint-Émilion et chassés avec des chiens[1].

Le drapeau robespierriste se retrouva, à ce prix, le drapeau de la Terreur. Tout ce qu’on avait pu croire des secrètes intentions d’indulgence, de modération, qu’avait Robespierre, n’était que trop réfuté. Il se trouva innocenté, lavé dans le sang, remonte au pinacle de haine, dont, par le ridicule, on croyait le faire descendre.

Le 1er juillet (13 messidor), par son discours aux Jacobins, il reprit possession de cette haute et horrible position.

Ce discours extraordinaire s’indignait de l’indignation qu’on avait montrée, de la sensibilité qu’on

  1. La lettre écrite de Saint-Émilion et lue à la Convention le 6 messidor fait honneur au jeune agent robespierriste d’avoir dirigé l’expédition, en indiquant les mesures qu’on devait prendre, envoyant et renvoyant les chasseurs, d’abord maladroits, etc. Peut-être y eut-il moins de part et voulut-on, en donnant cette couleur au récit, flatter Robespierre. Jullien a passé toute sa vie à effacer cette lettre, vie honorable, laborieuse, prodigieusement active, tout occupée de philanthropie et de choses utiles.