Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/409

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soldats, de seize ans, c’était amour, c’était folie ; les canons, reçus aux Sablons, furent tendrement accueillis, amicalement hébergés, flattés, caressés, embrassés. La chose aussi était sensible à la vanité de l’École ; les élèves, décidément, étaient donc des hommes, des hommes sûrs et de confiance. Ils se regardèrent dès lors comme la garde constituée de la Convention.

Les plaintes que fit Couthon aux Jacobins, et sur l’inutilité de l’École et sur ces canons confiés, indiquaient la mauvaise humeur des robespierristes, mais n’étaient pas de nature à leur concilier les élèves.

Tout cela le 5 thermidor. Ce même jour, le Comité dénonça à la Convention les poudres arrêtées, envoya les canons à l’École, et le soir, non sans étonnement, il vit arriver Robespierre.

Que voulait-il en revenant au milieu de ses ennemis, après cette longue absence ? les tromper ? gagner du temps jusqu’au retour de Saint-Just, qui revenait de l’armée, et sans lequel il ne voulait point agir ?

Je ne le crois pas. Son caractère était autre ; il ne voulait point l’action. Ce qu’il voulait, c’était d’essayer encore une fois s’il exercerait sur eux cette fascination si puissante à laquelle ils cédaient toujours, et qu’ils avaient subie encore le soir du rapport sur la Mère de Dieu, s’il tirerait d’eux, sans combat, par simple intimidation, le prix capital du combat, l’abandon de quelques-uns des Mon-