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vomissent en une fois un peuple d’ennemis furieux pour tuer la République.

L’accélération des jugements, demandée ce jour même par Robespierre, était un remède impuissant qui avilissait la justice, la rendant positivement, physiquement impossible, lui étant la foi de tous. Elle n’en fut pas moins exigée, et lorsque le danger national, tellement diminué, ne l’expliquait plus.

Ce sinistre 26 décembre, qui fermait décidément les prisons, n’y laissant plus d’ouverture que le terrible guichet d’une justice accélérée, devait avoir deux effets contraires.

D’une part, les rivaux de la dictature centrale, Fouché à Lyon, Carrier à Nantes, dans leur émulation effroyable, accéléraient la justice.

D’autre part, les indulgents, n’espérant plus rien ni de Robespierre ni du Comité, poussèrent leur guerre contre les hébertistes, alliés actuels de Robespierre, de sorte que leurs ennemis durent ou les tuer ou périr.

Desmoulins se releva et jeta sa vie au vent. De ce jour, il est immortel. Au n°5 du Vieux Cordelier, il expie le n°4 et se justifie devant l’avenir : « L’anarchie mène à un seul maître. C’est ce maître que j’ai craint. » — Donc il n’est plus à genoux. Le voilà debout devant Robespierre.

Rien de plus hardi que ce n°5, si amusant, si véhément, d’une colère comique et sublime… Le rire, mais celui de la foudre qui rit en éclairs, va, vient, frappe et réduit en poudre, des éclats de sa