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alla jusque chez lui, à sa section des Gravilliers.

Ce quartier et celui des Arcis (haute et basse rue Saint-Martin), outre le petit commerçant, contiennent en nombre infini l’élément spécialement révolutionnaire et socialiste, le libre ouvrier, celui qui travaille chez lui, le petit fabricant en chambre. Le pouvoir, en y renouvelant et nommant d’autorité les comités révolutionnaires qui menaient ces sections, croyait les tenir. Il n’en avait pas arraché la mémoire de leur tribun, de leur apôtre. La rue Aumaire où vécut Roux, les Filles-Dieu où prêchait Chaumette, étaient hantées de leurs ombres.

Les petites sociétés du quartier, proscrites par les Jacobins, subsistaient-elles en dessous ? Je le croirais. Le Comité de salut public y avait toujours l’œil et redoutait ces bas-fonds d’où peut-être vint son salut et le mouvement décisif contre Robespierre.

Quinze jours avant le 9 thermidor, le Comité ordonne encore au maire d’arrêter le lieutenant d’une compagnie des Gravilliers (Registres du Comité de salut public, 23 messidor).

Il ne faut pas s’étonner si Léonard Bourdon, au milieu de la froideur générale, trouva là des éléments de vive et solide haine dont il sut tirer parti.

Lui-même, un pédant ridicule, il n’avait aucune action. Mais Robespierre le haïssait, comme un débris de Chaumette. Et cela seul le rendait populaire aux Gravilliers.

Le comité de cette section était allé à la Com-