Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/483

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(qui étaient ouvertes), et qu’il avait tout fini. Je le crois, mais, dans ce sens, il poussa le meurtrier.

L’heure était très bien choisie. Les Parisiens, qui n’aiment pas à découcher, s’étaient dispersés la plupart pour prendre un moment de repos. Plusieurs se lassaient d’attendre les ordres. Plusieurs étaient effrayés de la mise hors la loi. La colonne des Gravilliers, arrivant devant Saint-Merri, rencontra des canonniers qui quittaient la Grève. Cette place restait solitaire et quasi abandonnée.

Il fut convenu que Léonard Bourdon et le centre de la colonne iraient jusqu’au pont Notre-Dame, que les hommes des Gravilliers, qui faisaient l’avant-garde, pousseraient jusqu’à la Grève, et que Merda, s’il pouvait, avec les gendarmes, monterait dans l’Hôtel de Ville.

On y était fort divisé. Saint-Just, Couthon, Coffinhal, presque tous voulaient agir. Robespierre voulait attendre. Et, quoi qu’on ait dit, il avait quelques raisons de son côté. Changer de rôle, commencer une guerre contre la Loi, n’était-ce pas en ce moment effacer toute sa vie, biffer de sa propre main l’idée dont il avait vécu, qui faisait toute sa force ?… D’autre part, avoir écrit à Couthon de venir, avoir entraîné tant d’amis en ce péril !… « Nous n’avons donc plus qu’à mourir ? » dit Couthon. Cette parole sembla l’ébranler un moment. Il prit une feuille au timbre de la Commune qui portait déjà tout écrit un appel à l’insurrection, et d’une lente écriture, à main posée, il écrivit trois lettres qu’on voit encore :