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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/83

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Carrier donnait des scènes de fureur épouvantable, attestant le ciel et la terre qu’on voulait le faire périr, le rendre victime de la rage du peuple affamé.

Quoiqu’il donnât trois francs par jour à la garde nationale, tout le monde, même les patriotes, était contre lui. Dans un accès de colère, il ferma pendant trois jours la société populaire, cette société de Vincent-la-Montagne, qui, seule véritablement dans cette ville représentait la Révolution.

Qui profiterait de cette scission déplorable des patriotes et de la folie de Carrier ?

Les royalistes constitutionnels, anglomanes et Girondins, si la flotte anglaise arrivait ;

Ou les royalistes purs, si la grande armée vendéenne se jetait sur Nantes.

Les constitutionnels, c’était le commerce et la ville presque entière ; ils opposaient à la défense une résistance sournoise, une grande force d’inertie.

Les royalistes purs, c’étaient généralement la masse des prisonniers, qui, collés à leurs barreaux, des hauteurs de Nantes, regardaient, appelaient sur la côte d’en face les écharpes rouges. C’étaient les prêtres enfermés aux pontons de la Loire, vrai centre, profond foyer de la contre-révolution, auquel tenait tout un monde d’intrigue et de dévotion, qui, par ruse, par argent et de cent manières,

    jours douté de ces pactes de famine. J’en ai trouvé la preuve écrite dans les notes du plus croyable, du plus modéré des hommes, M. Grelier, excellent administrateur. Ces curieuses notes se trouvent dans la Biogr. de Grelier, par M. Guéraud.