communiquait avec eux, des femmes discrètes, hardies, qui faisaient les commissions, passaient sous leurs jupes lettres, proclamations et tout, allaient, venaient, sous mille prétextes que donnait surtout l’apport des denrées.
Tout cela était d’autant plus facile que les royalistes avaient des parents dans la garde nationale, généralement girondine. Chaque famille était ainsi divisée. L’esprit d’individualité est tel, dans ces malheureux pays, que six frères prennent six noms, et volontiers prendraient autant de partis différents. Donc nulle sûreté en personne. Et c’est ce qui donnait à la guerre un caractère embrouillé, inextricable, inguérissable. Misérable maladie, tenace, vraie gale maudite, où la peau ne se guérit qu’en tirant la chair après elle, emportant le malade même. Les royalistes en 1793, plus tard les républicains, ont péri. L’Ouest est devenu pâle, comme vous le voyez aujourd’hui.
L’âme de Charette était dans les prisons de Nantes autant qu’au camp de Charette. L’outrecuidance moqueuse des nobles prisonniers dépassait tout ce qu’on peut imaginer. Ils savaient toutes les nouvelles, les mauvaises surtout, et en triomphaient avant que la ville les sût. À chaque revers des nôtres, ils sautaient de joie, jetaient leurs vivres à la tête des gardiens. « Nous n’en avons plus besoin, disaient-ils ; l’armée du roi arrive ce soir. » Ils étaient fort mal nourris ; mais toute la ville l’était de même (c’est ce que dit Champenois, celui