Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/188

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au temple, à l’enseignement strictement religieux ; on ne leur laissait que Dieu, qui, ce semble, est la meilleure part (puisqu’au fond elle contient tout).

Cette part ne leur suffit jamais. Durand de Maillane, assis à droite, sur les mêmes bancs que les Girondins, réclama vivement contre leur projet. Il demanda que les prêtres pussent être instituteurs et soutint la thèse populaire qu’il ne fallait qu’un seul degré d’instruction. Il s’accordait parfaitement en ceci avec Robespierre, qui de même croyait l’égalité blessée par une hiérarchie d’écoles dont les plus élevées sans doute ne peuvent être fréquentées de tous. Que faire cependant, en pratique ? Les partisans de cette opinion seront obligés d’admettre une des deux conclusions qui suivent, — ou qu’il faut supprimer le haut enseignement, découronner la science, abolir à la fois les écoles philosophiques qui la résument et les écoles de spécialités difficiles qui l’approfondissent, niveler la science pour niveler les hommes, l’abaisser, faire une science peu savante, enfin une science non science ; — ou bien porter dans l’enseignement primaire ces hautes sciences dont on a fermé les écoles, professer (pour ceux qui épèlent !) le calcul infinitésimal et les difficultés de la métaphysique[1].

Durand de Maillane était un canoniste gallican

  1. Ce dernier parti est absurde, direz-vous, il ne peut tomber dans l’esprit. Vous vous trompez. Tel a été l’enseignement chrétien, tel il est encore ; l’Église enseigne aux plus ignorants, sans préparation, sans initiation préalable, le résumé prodigieusement abstrait des subtilités byzantines qu’Aristote et Platon