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badauds imbéciles » (27 juillet 1791, no 524). — « Paris ! Paris ! dit Desmoulins, prends garde que ton incivisme ne détache de toi les départements… Tu as besoin d’eux pour exister, ils n’ont pas besoin de toi pour être libres !… » (21 juin 1791, no 83, p. 214). Il va jusqu’à dire follement (après le 17 juillet) « que Paris verra les départements, indignés, s’ériger en États unis et l’abandonner à sa corruption ».

C’était en 1791. Paris faiblissait, fatigué de ses grands efforts. Les départements, il faut le dire, semblaient reprendre son rôle ; plusieurs firent des sacrifices vraiment incroyables : Bordeaux, Marseille, le Jura, levaient, payaient des armées, et il en fut ainsi dans toute l’année 1792. Les départements eurent une glorieuse part dans la journée du 10 août ; s’ils en eurent une au 2 septembre, elle fut moins remarquée : on eut l’injustice de n’accuser que Paris.

Dans la crise effroyable où l’on se trouvait obligé de faire appel au patriotisme local pour tirer tout ce que les localités contenaient de forces, on était bien obligé de se fier à cet esprit qu’on aurait autrement taxé de fédéralisme. Un des hommes qui se sont le moins écartés de la droite ligne révolutionnaire, Cambon, lui fit de grandes concessions. Il adoptait l’élan local, mais le généralisait. Marat lui-même, à la terrible époque du 27 mars 1793, lorsque le comité de défense, alarmé de la situation, fit venir dans son sein les ministres et la Commune,