Page:Michelet - OC, Histoire du dix-neuvième siècle, t. 1.djvu/31

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pour moi seul. Car dans les Histoires (du reste estimables et fort belles qu’on commença sous Napoléon III), ni l’auteur, ni l’éditeur sans doute, ne pouvaient s’en servir, ni exploiter ces faits qui changent tout.

On y voit plusieurs choses singulières et inattendues : 1o l’apparition des banquiers et fournisseurs (que du reste j’ai connus moi-même), lesquels ont lancé Bonaparte dans la campagne d’Italie ; 2o les longs mois de sa royauté financière, ces mois où par deux fois cette campagne fut interrompue, où Bonaparte mit à la porte les surveillants que lui donnait le Directoire, enfin où il fut vice-roi ou roi plus que Clive et Hastings ne le furent jamais dans les Indes.

Je me suis arrêté ici, dans ce volume, à ce point où les deux histoires, où les deux grands acteurs, la France et l’Angleterre, qui se battaient sans se connaître, et, on peut le dire, à tâtons, ont certains points de ressemblance. On ne peut faire l’histoire de France, et encore moins la vie de Bonaparte, en restreignant le champ de la vision à cet unique objet, sans se l’exagérer beaucoup, et le fausser pai cela même.

Au volume suivant, tout en donnant la fin de l’héroïque et vaine campagne d’Italie qui finit par en rendre les clés à l’Autriche, j’espère mener de front les grandes masses qui font mon sujet principal, l’histoire morale de l’armée des soldats, et de l’armée des ouvriers.