Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/355

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Le neuf emporte le vieux !
La vérité fait fuir l’ombre !
La lumière chasse la nuit[1] !
............

Rude audace ! Est-ce bien là ce qu’on vous demandait, enfants emportés, indociles, quand on vous disait d’être enfants ? On offrait le lait. Vous buvez le vin. On vous conduisait doucement bride en main sur l’étroit sentier. Doux, timides, vous hésitiez d’avancer. Et tout à coup la bride est cassée… La carrière, vous la franchissez d’un seul bond.

Oh ! quelle imprudence ce fut de vous laisser faire vos saints, dresser l’autel, le parer, le charger, l’enterrer de fleurs ! Voilà qu’on le distingue à peine. Et ce qu’on voit, c’est l’hérésie antique condamnée de l’Église, l’innocence de la nature ; que dis-je ! une hérésie nouvelle qui ne finira pas demain : l’indépendance de l’homme.


Écoutez et obéissez :

Défense d’inventer, de créer. Plus de légendes, plus de nouveaux saints. On en a assez. Défense d’innover dans le culte par de nouveaux chants ; l’inspiration est interdite. Les martyrs qu’on découvrirait doivent se tenir dans le tombeau, modestement, et attendre qu’ils soient reconnus de l’Église. Défense au clergé, aux moines, de donner aux colons, aux serfs, la tonsure qui les affranchit. — Voilà

  1. Vetustatem novitas,

    Umbram fugat claritas,

    Noctem lux eliminat !