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reine Mab, qui s’est fait un char royal avec une coquille de noix. — Elles sont un peu capricieuses, et parfois de mauvaise humour. Mais comment s’en étonner, dans cette triste destinée ? — Toutes petites et bizarres qu’elles puissent être, elles ont un cœur, elles ont besoin d’être aimées. Elles sont bonnes, elles sont mauvaises et pleines de fantaisies. À la naissance d’un enfant, elles descendent par la cheminée, le douent et font son destin. Elles aiment les bonnes fileuses, filent elles-mêmes divinement. On dit : Filer comme une fée.


Les Contes de fées, dégagés des ornements ridicules dont les derniers rédacteurs les ont affublés, sont le cœur du peuple même. Ils marquent une époque poétique entre le communisme grossier de la villa primitive, et la licence du temps où une bourgeoisie naissante fit nos cyniques fabliaux.

Ces contes ont une partie historique, rappellent les grandes famines (dans les ogres, etc.). Mais généralement ils planent bien plus haut que toute l’histoire, sur l’aile de l’Oiseau bleu, dans une éternelle poésie, disent nos vœux, toujours les mêmes, l’immuable histoire du cœur.

Le désir du pauvre serf de respirer, de reposer, de trouver un trésor qui finira ses misères, y revient souvent. Plus souvent, par une noble aspiration, ce trésor qui est aussi une âme, un trésor d’amour qui sommeille (dans la Belle au bois dormant) ; mais souvent la charmante personne se trouve cachée sous un masque par un fatal enchantement. De là la