Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/437

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lors illimitée, affranchie. La médecine fut possible.

Qu’elles aient fort abusé du principe, on ne le nie pas. Il n’est pas moins évident. Rien d’impur que le mal moral. Toute chose physique est pure ; nulle ne peut être éloignée du regard et de l’étude, interdite par un vain spiritualisme, encore moins par un sot dégoût.

Là surtout le Moyen-âge s’était montré dans son vrai caractère, l’Anti-Nature, faisant dans l’unité de l’être des distinctions, des castes, des classes hiérarchiques. Non seulement l’esprit est noble, selon lui, le corps non noble, — mais il y a des parties du corps qui sont nobles, et d’autres non, roturières apparemment. — De même, le ciel est noble, et l’abîme ne l’est pas. Pourquoi ? « C’est que le ciel est haut. » Mais le ciel n’est ni haut ni bas. Il est dessus et dessous. L’abîme, qu’est-ce ? Rien du tout. — Même sottise sur le monde, et le petit monde de l’homme.

Celui-ci est d’une pièce ; tout y est solidaire de tout. Si le ventre est le serviteur du cerveau et le nourrit, le cerveau, aidant sans cesse à lui préparer le sucre de digestion[1], ne travaille pas moins pour lui.


Les injures ne manquèrent pas. On appela les sorcières sales, indécentes, impudiques, immorales. Cependant leurs premiers pas dans cette voie furent, on peut le dire, une heureuse révolution

  1. C’est la découverte qui immortalise Claude Bernard.