Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/548

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nage picard n’eut pas l’effet dramatique, les terreurs de la Sainte-Baume. Cette Lacaille, avec son latin, n’eut pas la brûlante éloquence de la Provençale, ni sa fougue, ni sa fureur. Le tout n’aboutit à rien qu’à amuser les huguenots.

Qu’advint-il des deux rivales, de Madeleine et de Louise ? La première, du moins son ombre, fut tenue en terre papale, de peur qu’on ne la fît parler sur cette funèbre affaire. On ne la montrait en public que comme exemple de pénitence. On la menait couper avec de pauvres femmes du bois qu’on vendait pour aumônes. Ses parents, humiliés d’elle, l’avaient répudiée et abandonnée.

Pour Louise, elle avait dit pendant le procès : « Je ne m’en glorifierai pas… Le procès fini, j’en mourrai ! » Mais cela n’arriva point. Elle ne mourut pas ; elle tua encore. Le diable meurtrier qui était en elle était plus furieux que jamais. Elle se mit à déclarer aux inquisiteurs par noms, prénoms et surnoms, tous ceux qu’elle imaginait affiliés à la magie, entre autres une pauvre fille, nommée Honorée, « aveugle des deux yeux, » qui fut brûlée vive.

« Prions Dieu, dit en finissant le Père Michaëlis, que le tout soit à sa gloire et à celle de son Église. »