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raser les forts de Loudun. Il se fit donner une commission pour faire juger Grandier. On fit entendre au cardinal que l’accusé était curé et ami de la Cordonnière de Loudun, un des nombreux agents de Marie de Médicis, qu’il s’était fait le secrétaire de sa paroissienne, et, sous son nom, avait écrit un ignoble pamphlet.

Du reste, Richelieu eût voulu être magnanime et mépriser la chose, qu’il l’eût pu difficilement. Les capucins, le Père Joseph, spéculaient là dessus. Richelieu lui aurait donné une belle prise contre lui près du roi s’il n’eût montré du zèle. Certain M. Quillet, qui avait observé sérieusement, alla voir Richelieu et l’avertit. Mais celui-ci craignit de l’écouter, et le regarda de si mauvais œil que le donneur d’avis jugea prudent de se sauver en Italie.


Laubardemont arrive le 6 décembre 1633. Avec lui la terreur. Pouvoir illimité. C’est le roi en personne. Toute la force du royaume, une horrible massue, pour écraser une mouche.

Les magistrats furent indignés, le lieutenant civil avertit Grandier qu’il l’arrêterait le lendemain. Il n’en tint compte et se fit arrêter. Enlevé à l’instant, sans forme de procès, mis aux cachots d’Angers. Puis ramené, jeté où ? dans la maison et la chambre d’un de ses ennemis qui en fait murer les fenêtres pour qu’il étouffe. L’exécrable examen qu’on fait sur le corps du sorcier en lui enfonçant des aiguilles pour trouver la marque du Diable est fait par les