Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/579

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celle que lui donnait son tyran, le pénitencier. Il venait chaque jour dans la cave au-dessus, parler au trou de l’in-pace, menacer, commander, et la confesser malgré elle, lui faire dire ceci et cela contre d’autres personnes. Elle ne mangeait plus. Il craignit qu’elle n’expirât, la tira un moment de l’in-pace, la mit dans la cave supérieure. Puis, furieux du factum d’Yvelin, il la remit dans son égout d’en bas.

La lumière entrevue, un peu d’espoir saisi, et perdu tout à coup, cela combla son désespoir. L’ulcère s’était fermé, et elle avait plus de force. Elle fut prise au cœur d’un furieux désir de la mort. Elle avalait des araignées, vomissait seulement, n’en mourait pas. Elle pila du verre, l’avala. En vain. Ayant trouvé un méchant fer coupant, elle travailla à se couper la gorge, ne put. Puis, prit un endroit mou, le ventre, et s’enfonça le fer dans les entrailles. Quatre heures durant, elle poussa, tourna, saigna. Rien ne lui réussit. Cette plaie même se ferma bientôt. Pour comble, la vie si odieuse lui revenait plus forte. La mort du cœur n’y faisait rien.

Elle redevint une femme, hélas ! et désirable encore, une tentation pour ses geôliers, valets brutaux de l’évêché, qui, malgré l’horreur de ce lieu, l’infection et l’état de la malheureuse, venaient se jouer d’elle, se croyaient tout permis sur la sorcière. Un ange la secourut, dit-elle. Elle se défendit des hommes et des rats. Mais elle ne se défendit pas d’elle-même. La prison déprave l’esprit. Elle rêvait le Diable, l’appelait à la visiter, implorait le retour des joies honteuses, atroces, dont il la navrait à