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doute absolu dont part Descartes pour commencer sa construction. Le Moyen-âge eût dit « C’est l’esprit du Malin. »

Victoire non négative pourtant, mais fort affirmative et de ferme fondation. L’esprit de la nature et les sciences de la nature, ces proscrits du vieux temps, rentrent irrésistibles. C’est la Réalité, la Substance elle-même qui vient chasser les vaines ombres.

On avait follement dit : « Le grand Pan est mort. » Puis, voyant qu’il vivait, on l’avait fait un Dieu du mal ; à travers le chaos, on pouvait s’y tromper. Mais le voici qui vit, et qui vit harmonique dans la sublime fixité des lois qui dirigent l’étoile et qui non moins dirigent le mystère profond de la vie.


On peut dire de ce temps deux choses qui ne sont point contradictoires : l’esprit de Satan a vaincu, mais c’est fait de la sorcellerie.

Toute thaumaturgie, diabolique ou sacrée, est bien malade alors. Sorciers, théologiens, sont également impuissants. Ils sont à l’état d’empiriques, implorant en vain d’un hasard surnaturel et du caprice de la Grâce les merveilles que la science ne demande qu’à la Nature, à la Raison.

Les jansénistes, si zélés, n’obtiennent en tout ce siècle qu’un tout petit miracle ridicule. Moins heureux encore, les jésuites, si puissants et si riches, ne peuvent à aucun prix s’en procurer, et se contentent des visions d’une fille hysté-