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rique, sœur Marie Alacoque, énormément sanguine, qui ne voyait que sang. Devant une telle impuissance, la magie, la sorcellerie pourront se consoler.

Notez qu’en cette décadence de la foi au surnaturel, l’un suit l’autre. Ils étaient liés dans l’imagination, dans la terreur du Moyen-âge. Ils sont liés encore dans le rire et dans le dédain. Quand Molière se moqua du Diable et « des chaudières bouillantes », le clergé s’émut fort ; il sentit que la foi au Paradis baissait d’autant.

Un gouvernement tout laïque, celui du grand Colbert (qui fut longtemps le vrai roi), ne cache pas son mépris de ces vieilles questions. Il vide les prisons des sorciers qu’y entassait encore le parlement de Rouen, défend aux tribunaux d’admettre l’accusation de sorcellerie (1672). Ce parlement réclame et fait très bien entendre qu’en niant la sorcellerie, on compromet bien d’autres choses. Eu doutant des mystères d’en bas, on ébranle dans beaucoup d’âmes la croyance aux mystères d’en haut.


Le Sabbat disparaît. Et pourquoi ? C’est qu’il est partout. Il entre dans les mœurs. Ses pratiques sont la vie commune.

On disait du Sabbat : « Jamais femme n’en revint enceinte. » On reprochait au Diable, à la sorcière, d’être l’ennemi de la génération, de détester la vie, d’aimer la mort et le néant, etc. Et il se trouve justement qu’au pieux dix-septième siècle, où la