Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
13
INTRODUCTION

II

Tant que le côté fatal, invariable de l’amour n’était pas éclairci, on ne savait pas précisément où commençait sa liberté, son action spontanée, personnelle et variable. La femme était une énigme. On pouvait éternellement en jaser, et dire le pour et le contre.

Quelqu’un, entre ces discoureurs, s’est avancé et a tranché le débat quelqu’un qui en sait beaucoup, la sœur de l’amour la Mort.

Ces deux puissances, en apparence opposées, ne vont pas l’une sans l’autre. Elles luttent mais à force égale. L’amour ne tue pas la mort, la mort ne tue pas l’amour. Au fond, ils s’entendent à merveille. Chacun d’eux explique l’autre.

Notez qu’il fallait ici (pour saisir la vie tiède encore) la mort sous sa forme rapide, cruelle, la mort violente. C’est elle surtout qui nous enseigne. Les suppliciés ont révélé le mystère de la digestion. Et les femmes suicidées, celui de l’amour physique et de la génération.

Il fallait trouver un lieu où la mort violente fût commune, où le suicide livrât sans cesse à l’observation un nombre immense de femmes de tout âge, et la plupart dans leurs crises de souffrances, celles-ci au moment du mois où la nature les exalte, celles-là enceintes qui voulurent mourir avec leur enfant,