Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

défendus par leurs rideaux. La petite toux qu’elle avait devint une forte bronchite, puis une fluxion de poitrine. Épuisée depuis longtemps par une très faible nourriture, elle n’avait pas la force de réagir. Elle fut très bien soignée, mais mourut en trois semaines.

Sa petite fille (enfant charmante et déjà raisonnable) fut mise aux Enfants-Trouvés.

Son corps, n’étant réclamé de personne, fut envoyé à Clamart, et, j’ose dire, très utilement, puisqu’il a éclairé la science par un fait dont elle tirera de fécondes inductions. D’autre part, ce simple récit aura aussi été utile, s’il avertit fortement l’attention des bons esprits. La femme meurt, si elle n'a foyer et protection. Si celle-ci avait eu seulement un abri, un lit pour huit jours, son indisposition eût passé, selon toute apparence, et elle eût encore vécu.


Il lui aurait fallu un moment l’hospitalité d’une femme. Qu’il serait souvent aisé, pour une dame intelligente, à certains jours décisifs, de sauver celle que le malheur engloutit ! Je suppose que cette dame, traversant un jardin public qui est près de l’hôpital, l’ait vu assise sur un banc, avec son petit paquet, se reposant un moment de sa longue course, avant d’entrer. Cette dame la voyant si pâle, frappée de sa figure honnête, distinguée, malgré l’extrême pauvreté du vêtement, se fût assise à côté d’elle, et, de manière ou d’autre, l’aurait fait un peu parler.

« Qu’avez-vous, mademoiselle ? - J’ai la fièvre, madame. Je me sens tout à fait mal. - Voyons... Je m’y connais un peu. Oh ! c’est peu de chose. Dans ce