Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/400

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presque enfants, se sont trouvées jetées par le hasard dans une vie légère, c’est de remonter courageusement par le travail et les privations. Un de nos premiers penseurs a soutenu cette thèse dans une lettre sévère à une de nos pauvres amazones, si brillantes et si malheureuses, qui lui demandait comment on peut sortir de ce gouffre. La lettre, très dure de forme, mais bonne au fond et très bonne, lui dit comment elle peut expier par la misère, se laver par le travail et la souffrance voulue, redevenir digne et pure. Il a tout à fait raison. L’âme de femme, bien plus mobile, plus fluide que l’âme d’homme, n’est jamais si profondément corrompue. Quand elle a voulu sérieusement revenir au bien, qu’elle a vécu d’efforts, de sacrifices, de réflexion, elle est vraiment renouvelée. C’est un peu comme la rivière, qui à tels jours fut gâtée, mais d’autres eaux sont venues, et elle est claire aujourd’hui. Si la femme ainsi changée, oubliant le mauvais rêve de ses fautes involontaires où le cœur n’était pour rien, parvient à le trouver, ce cœur, si elle aime… tout est sauvé. Le plus honnête homme du monde peut avoir son bonheur en elle, et s’honorer d’elle encore.


Je ne voulus rien ajouter à ce lugubre récit. Mes amis émus se levèrent. D’un seul mot, je leur rappelai ce qui l’avait précédé.

Mes chers messieurs, la raison pour laquelle vous vous marierez, la plus forte pour vos cœurs, c’est celle que je vous disais :

La femme ne vit pas sans l’homme.