Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/405

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étonne pas, quand on voit que dans le cerveau l’appareil de la vision tient à lui seul plus de place que tous les organes des sens réunis. La lumière inonde la tête, la traverse de part en part jusqu’aux nerfs, profonds, reculés, d’où sort la moelle épinière de tout le système nerveux, tout l’appareil de la sensibilité et du mouvement. Même au-dessus des conduits optiques où la lumièrè circule, la masse centrale du cerveau (la couronne rayonnante) semble encore en être pénétrée et sans doute en tient ses rayons.


Le premier devoir de l’amour, c’est de donner à l’enfant, et aussi à la jeune mère, hier enfant, chancelante, ébranlée par l’accouchement, fatiguée par l’allaitement, beaucoup, beaucoup de lumière, la salubrité, la joie d’une bonne exposition, que le soleil égaye de ses premiers regards, qu’il aime et regarde longtemps, tournant autour à midi, même à deux heures, s’il se peut, l’échauffant, l’illuminant encore, ne la quittant qu’à regret.

A ceux qui vivent du monde, de la vie artificielle, laissez la splendeur des appartements tournés vers le soir. Les rois, les grands, les oisifs, ont cherché, dans leurs Versailles, l’exposition du couchant, qui glorifiait leurs fêtes. Mais celui qui sanctifie sa vie par le travail, celui qui aime et met sa fête dans l’enfant et la femme aimés, celui-là vit le matin. A lui-même il assure la fraîcheur des premières heures où la vie, tout entière encore, est énergique et productive. A eux il donne la joie, la prime fleur de gaieté qui enchante toute la nature dans le bonheur de son réveil.