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II
LE MARIAGE

Tu es mon frère, mon père et ma mère révérée ;
Tu es mon cher amant, tu es mon jeune époux.
                                                  (Iliade.)

Ce n’est pas le mot d’Andromaque, c’est le mot éternel de la femme à ce grand passage.

Elle le dit du cœur d’abord, d’un élan de nature.

Elle le dit aussi par un sentiment juste, vrai, de sa situation. Elle sent bien qu’il est son tout maintenant, son protecteur unique. Et quant aux cérémonies par lesquelles l’Église et la Loi semblent la protéger, elle n’y fait pas attention.

En réalité, c’est la force de cet acte si grave qu’elle est donnée sans réserve, sans garantie et sans retour. Si l’amour n’est pas là, si elle ne tombe pas dans les mains les plus tendres, toutes les précautions légales aggraveront sa situation. Toutes ces barrières de papier seront vaines. Mais, bien plus, agaçant,