Page:Michelet - OC, La Montagne, L’Insecte.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

III

Je ne m’étonne pas si notre grand initiateur au monde des insectes, Swammerdam, au moment où le microscope lui permit de l’entrevoir, recula épouvanté. Leur nom, c’est l’infini vivant. Depuis deux cents ans on travaille en simplifiant d’un côté et en compliquant de l’autre. Les admirables ouvrages qu’on a faits sur ce sujet laissent, parmi une multitude de lueurs partielles, un certain éblouissement. C’est l’impression que nous donnait cette étude de quelques années. Devais-je me flatter de simplifier plus que ne l’ont fait mes maîtres ? Nullement. Je savais seulement, par la rencontre de Lucerne, par d’autres plus tard, que notre ignorance émue et sympathique entrerait plus loin peut-être dans le sens de ces petites vies que ne l’ont fait souvent les savants classificateurs. Ceci me poursuivit l’hiver, mais je ne pouvais vérifier à Paris aucune expérience ; c’est à Fontainebleau seulement que j’arrivai à la formule, simple du moins, qu’on va lire, et que j’obtins sur ce sujet quelque apaisement d’esprit. Le lieu me favorisait fort, le moment, l’état de mon âme. Tout ce que le temps présent a de circonstances fâcheuses, en me refoulant sur moi, augmentait ma concentration. Nous nous constituâmes une parfaite