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XVII

CHARLOTTE CORDAY


Le dimanche 7 juillet 1793, on avait battu la générale et réuni sur l’immense tapis vert de la prairie de Caen les volontaires qui partaient pour Paris, pour la guerre de Marat. Il en vint trente. Les belles dames qui se trouvaient là avec les députés, étaient surprises et mal édifiées de ce petit nombre. Une demoiselle, entre autres, paraissait profondément triste c’était Mlle Marie-Charlotte Corday d’Armont, jeune et belle personne, républicaine, de famille noble et pauvre, qui vivait à Caen avec sa tante. Pétion, qui l’avait vue quelquefois, supposa qu’elle avait sans doute quelque amant dont le départ l’attristait. Il l’en plaisanta lourdement, disant « Vous auriez bien du chagrin, n’est-il pas vrai, s’ils ne partaient pas ? »

Le Girondin blase après tant d’événements ne devinait pas le sentiment neuf et vierge, la flamme ardente qui possédait ce jeune cœur. Il ne savait pas