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INTRODUCTION

nos cœurs. Mets donc sans hésitation près de nous, sous notre abri, les faibles qui, s’élevant au-dessus de leur nature, eurent des volontés héroïques mets encore, nous les acceptons, des cœurs qui flottèrent sans doute, mais dont l’éternel orage a servi l’humanité, ces victimes des révolutions morales, de l’art et de la passion, dont les souffrances profitèrent au monde. Ce qui manque à ces caractères, nous le couvrirons du nôtre. »

Si les héros le veulent ainsi, dans leur force et leur clémence, nous n’y contredirons pas. Ce livre ne sera pas plus sévère qu’ils ne l’eussent été eux-mêmes. Les faibles iront avec les forts artistes, poètes, femmes, enfants, y trouveront petite place derrière les héros, ou passeront emportés dans un coin du manteau des saints.

Obéissons à ces voix souveraines. Elles dictent, nous écrivons. Nous posons l’histoire de fer pour écrire la Légende d’or. Nous mettons un moment de côté le marteau dont nous forgions dans cette forge de 93.

Il est bon de se recueillir, avant les événements, dans une œuvre sainte et douce. Il est bon, pour le travailleur, à l’approche des orages, de voir un moment le ciel.

Heure chaude, heure d’attente, où plusieurs sont tentés de ne plus agir, de croiser les bras, d’abandonner tout travail, les yeux fixés sur l’horizon. Mais l’ouvrier laborieux, même à l’heure lourde de midi, lorsqu’il respire un moment assis sur la terre, ne sait point rester inactif. Il songe, ramasse quelques fleurs, les unes pour les vivants et les autres pour les morts.