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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

rations compliquées, si faciles à combiner dans le cabinet, si difficiles à exécuter sur le terrain avec des soldats novices, émus, spontanée, et qui, forts par la passion seule, étaient infiniment moins propres à servir d’instruments aux calculs des tacticiens.

L’offensive brillante que prit Hoche en Allemagne, et qu’on arrêta, était chose plus pratique certainement que la tentative de faire saisir comme en un filet une armée très aguerrie par la nôtre, formée d’hier, les vieilles moustaches hongroises par nos toutes jeunes recrues.

Hoche, arrêté dans ses succès, fut furieux il écrivit énergiquement qu’il briserait son épée, qu’il irait vendre du fromage chez sa tante la fruitière. (Papiers de Lindet.)

Le Comité indigné, effrayé de ce langage nouveau, l’éloigna de ses soldats « pour un autre commandement ».

Ce commandement fut à la prison des Carmes.


II

Hoche, aux Carmes, n’eut qu’une cellule de six pieds carrés, sans jour et sans air, donnant sur une étable, dont les vapeurs ammoniacales faillirent l’aveugler[1] Quelle loge pour ce jeune lion, qui avait

  1. Il dut toujours, depuis, porter des conserves