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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

leur parler. » Il voulait avoir l’air de protéger le général. — « Je ne veux rien de vous, monsieur, dit Hoche ; je passerai bien sans vous. Restez et tenez-vous derrière. » Cormatin, en grommelant, obéit, se mit derrière ; puis il piqua des deux et disparut dans le bois.

Le cruel mois de mai (1795), qui fut l’éruption des grands massacres du Midi, arracha dans l’Ouest le voile de la fausse paix, hypocrite et sanglante, qui fut le résultat de la pacification de la Jaunais (15 février 1795). Il montra les abîmes qui se cachaient dessous.

Tandis que, de toutes parts, continuaient les assassinats des patriotes, les attaques sur les routes, l’affamement des villes où les chouans empêchaient d’apporter les vivres, les représentants s’obstinaient à croire à cette paix, à dire et redire à la Convention qu’elle avait tout fini.

À la moindre répression, c’était Hoche que l’on accusait. « Il violait la paix. Il se plaisait à réveiller la guerre, à refaire une Vendée. » Par deux fois, on faillit lui enlever le commandement. C’était plutôt l’indulgence qu’il eût fallu blâmer. La débonnaireté de Carnot (qui dirige la guerre jusqu’en mars), la magnanimité, parfois mal placée, de Hoche émoussaient l’action. Quelle risée les chouans purent faire de sa lettre héroïque, imprudente, au coquin Bois-hardy ! Il croit à son repentir, il lui ouvre les bras, lui écrit comme à un frère, tend sa glorieuse main à cette main, sanglante. Nouveaux assassinats. À mort les modérés ! À mort le paysan qui porte son grain à la ville ! À mort les voyageurs les plus inoffensifs !