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HOCHE

tout sous la main, tout un peuple pour lui ; il eut en un moment quinze mille chouans, braves et armés, avec lesquels il occupa Auray.

Puisaye, avec beaucoup de sens, avait choisi le Morbihan, préféré cette côte. La chouannerie y était toute neuve, et dans la plus rude Bretagne, tenace et violente, à têtes dures, étroites, ce qui n’exclut nullement les ruses du sauvage. De plus, chose assez rare, il avait un homme. Le féroce Georges Cadoudal fut l’homme vrai de la contrée. Il était du Morbihan même, aussi identique au pays que les cailloux, les chênes trapus, biscornus de la lande, que les grains sinistres des grèves désolées de Carnac.

Puisaye, lui, avait deux faces. Né Normand, mais Breton de rôle, c’était un vrai Janus. Il avait été élevé à Saint-Sulpice, et sa figure douceâtre de bon séminariste était d’un homme liant, pliant et prêt à tout.

Son plan, pour Quiberon, était grand et hardi. Il eût voulu avoir pour lui, bien à lui, quelque peu de troupes anglaises (point d’émigrés qui devaient tout gâter). Les chouans, appuyés de cette petite base et se lançant à fond de train, avec leur furieux Georges, allaient emporter Rennes, remettre la Vendée debout et l’entraîner. Ce tourbillon rasant la Loire enlevait Nantes, enlevait tout.

Puisaye rend une haute justice à l’énergie des républicains, à leur activité, et s’accorde parfaitement avec le récit de Moreau de Jonnès, un grenadier de Hoche. Il y avait là une jeunesse admirable, celle de Nantes, si éprouvée, mais si ardemment