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LES FEMMES DU 6 OCTOBRE (89)

députés, s’offrirent à elle pour la défendre, et lui demandèrent un ordre pour prendre des chevaux de ses écuries. Elle les autorisa pour le cas, dirait-elle, où le roi serait en danger.

La Fayette, avant d’entrer dans Versailles, fit renouveler le serment de fidélité à la loi et au roi. Il l’avertit de son arrivée, et le roi lui répondit qu’il le verrait avec plaisir, qu’il venait d’accepter sa Déclaration des droits.

La Fayette entra seul au château, au grand étonnement des gardes et de tout le monde. Dans l’Œil-de-Bœuf, un homme de cour dit follement : « Voilà Cromwell. » Et La Fayette très bien : « Monsieur, Cromwell ne serait pas entré seul. »

Le roi donna à la garde nationale les postes extérieurs du château ; les gardes du corps conservèrent ceux du dedans. Le dehors même ne fut pas entièrement confié à La Fayette. Une de ses patrouilles voulant passer dans le parc, la grille lui fut refusée. Le parc était occupé par des gardes du corps et autres troupes ; jusqu’à deux heures du matin, elles attendaient le roi, au cas qu’il se décidât enfin à la fuite. À deux heures seulement, tranquillisé par La Fayette, on leur fit dire qu’ils pouvaient s’en aller à Rambouillet.

À trois heures, l’Assemblée avait levé la séance. Le peuple s’était dispersé, couché, comme il avait pu, dans les églises et ailleurs. Maillard et beaucoup de femmes, entre autres Louison Chabry, étaient partis pour Paris, peu après l’arrivée de La Fayette, emportant les décrets sur les grains et la Déclaration des droits.