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Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/55

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serrant ainsi, tomba dans une farouche religion de soi-même, dans un satanique égoïsme. Ce qu’il y a de souverainement diabolique dans le diable, c’est de s’adorer. »

Ainsi, cet instrument de guerre que l’Église s’était créé pour le besoin des Croisades, tourna si bien dans ses mains, que lorsqu’elle croyait le diriger, elle en sentit la pointe au cœur… Toutefois le péril fut moindre en ce que cette création bâtarde du moine-soldat, avait peu de vitalité hors de la croisade, qui l’avait fait naître.

La bataille du seizième siècle créa une milice bien plus dangereuse. Au moment où Rome est attaquée dans Rome même par les livres de Luther et les armes de Frondsberg, il lui vient d’Espagne un vaillant soldat qui se voue à la servir, un homme d’enthousiasme et de ruse… Elle saisit ce glaive dans son péril, et si vivement, avec tant de confiance, qu’elle en jette le fourreau. Elle remet tout pouvoir au général des jésuites, s’interdisant de leur donner jamais, même sur leur demande, de priviléges contraires à leur institut (Nullius momenti habenda sunt, etiamsi à Sede apostolica sint concessa). Le pape ne changera rien, et le général avec l’assemblée de l’ordre, changera ce qu’il voudra, selon les lieux et les temps.